Même pas peur
Prologue
La rumeur s’était répandue telle une traînée de poudre parmi le millier d’habitants de notre paisible bourgade et elle risquait d’alimenter la chronique pendant longtemps. Ma mère nous la ramena toute fraîche de chez le boucher du bas de la rue, en même temps que le jambon, le boudin et les côtelettes : QUELQU’UN AVAIT ACHETE LA VIEILLE MAISON !
Pendant la cuisson du boudin, cette transaction inattendue faisait l’objet d’une discussion animée entre ma mère, ma sœur et moi-même, nous tentions surtout d’établir un portrait-robot de l’acheteur. Très vite, nous arrivâmes à la conclusion qu’il s’agissait d’un fou ; aucune personne saine d’esprit ne pourrait avoir envie de loger dans cet endroit louche et insalubre. Ma mère émit une hypothèse :
- L’acheteur veut peut-être faire détruire cette ruine pour construire une nouvelle maison ?
Son idée fut adoptée à l’unanimité, quoiqu’un peu à contrecœur par moi, je n’avais aucune envie de voir disparaître la maison. Elle me fascinait!
Quoi qu’il en soit, notre théorie ne résista pas au-delà du dîner, car mon père la balaya d’un seul geste énergique de la main, en affirmant à sa façon habituelle, brève mais irrévocable :
- La maison ne sera pas détruite, quelqu’un va venir l’habiter !
Il nous fournit des preuves irréfutables : premièrement, Albert, le couvreur du village, avait pour mission de refaire la toiture, deuxièmement, une commande concernant de nouvelles portes et de nouveaux volets pour les fenêtres était en cours de fabrication dans l’atelier de son patron. Mon père était menuisier, il fabriquait des meubles, (des vrais, pas des en kit), des portes, des encadrements et surtout des cercueils, car les menuisiers s’occupaient aussi des enterrements à cette époque, déjà lointaine. Je précise, nous sommes en mille neuf cent soixante-huit, l’année de mes dix ans.
Les arguments de mon père ne pouvant être mis en doute, nous étions donc revenues à l’établissement du portrait-robot du fou qui avait fait cette acquisition. Durant la vaisselle, nous tentions de faire une ébauche de ce personnage mystérieux, s’apprêtant à venir habiter parmi nous, mais même lorsque la dernière fourchette avait rejoint son compartiment dans le tiroir, les contours de son visage demeuraient toujours flous.
Secrètement, je décidai de mener ma propre enquête.
Un peu d’histoire
Afin de lever un petit coin du voile sur tout ce mystère, je vais tenter de décrire l’endroit. Le village dans lequel se déroula cet évènement s’appelle « Troisvierges »… comme trois vierges ; il est situé à l’extrême nord du Grand-duché de Luxembourg, ce minuscule pays coincé entre la France, la Belgique et l’Allemagne. J’ai vu le jour dans cette localité et j’y ai vécu toute mon enfance et mon adolescence, avant de venir m’égarer dans l’immensité de la France. Le département de l’Allier que j’habite aujourd’hui, couvre approximativement trois fois la surface de mon pays d’origine, la différence est donc… de taille.
Commentaires
1 Josiane Hack Le 30/01/2016
Also et kennt am März raus. Et kann én et direkt béi mär bestellen ( einfach eng Noricht hei lossen oder op FB ) oder iwer Amazon.
Schéi Gréis !
2 Herman Roland Le 30/01/2016